Si vous adoptez de nouvelles habitudes alimentaires pour contrôler votre tension, il est fort probable qu’une partie du programme consiste à réduire les sucres ajoutés. Leurs substituts constituent un moyen de continuer à savourer vos friandises préférées, mais devez-vous vous inquiéter des effets de ces édulcorants sur votre pression artérielle ?
La relation entre les substituts du sucre et la tension a fait l’objet de recherches continues et, dans cet article, nous explorerons les corrélations potentielles entre les deux.
Comprendre les substituts du sucre
Les substituts du sucre, également appelés édulcorants, sont les suivants :
- Aspartame
- Sucralose
- Saccharine
- Acésulfame de potassium (alias Acésulfame K)
- Fruit du moine
- Stévia
- Les sucres-alcool, comme le xylitol, l’érythritol et autres, qui sont des substituts “énergétiques” car contenant quelques calories.
L’un des avantages supposés de ces substances est qu’elles apportent un goût sucré sans la haute teneur calorique du sucre, les rendant intéressantes pour le contrôle du poids. En outre, elles n’affectent pas la glycémie puisqu’elles sont soit très faibles en glucides et seule une petite quantité est nécessaire, soit elles ne passent pas dans le sang. Elles peuvent donc être utilisées dans le cadre d’un régime contrôlé en sucre, par exemple dans le cadre de la gestion du diabète. Toutefois, leur impact potentiel sur la santé cardiovasculaire a suscité des inquiétudes. Par exemple, une étude française de 2022 a suggéré une relation entre une consommation élevée d’édulcorants artificiels (en particulier l’aspartame, l’acésulfame de potassium et le sucralose) et un risque accru de maladie cardiovasculaire et cérébrovasculaire.
Mécanismes potentiels affectant la pression artérielle
Plusieurs théories ont été proposées concernant la manière dont les substituts du sucre peuvent affecter la tension artérielle.
Microbiome intestinal
Certaines études suggèrent qu’ils pourraient influencer le microbiome intestinal, qui joue un rôle crucial dans le métabolisme et la santé en général. Ce point est important, car des perturbations de l’équilibre du microbiome intestinal ont été associées à des troubles métaboliques tels que la résistance à l’insuline, l’obésité et l’augmentation de la pression artérielle.
Santé vasculaire
Des recherches menées sur des rongeurs indiquent que les substituts du sucre peuvent affecter la paroi interne des vaisseaux sanguins, appelée endothélium, qui joue un rôle essentiel dans la régulation de la pression artérielle par la libération de molécules de signalisation paracrine, telles que l’oxyde nitrique (NO) et la prostacycline.
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Ce que dit la science
En 2023, une étude a soulevé des inquiétudes quant à la sécurité de l’érythritol, un sucre-alcool couramment utilisé comme édulcorant. Elle a révélé, grâce à diverses méthodes de recherche, que des niveaux plus élevés d’érythritol dans le sang provoquaient une augmentation de la réactivité plaquettaire (entraînant un risque accru de coagulation), augmentant ainsi le risque d’événement cardiovasculaire (jusqu’à 20 %). Une revue systématique d’études suggère également qu’une consommation élevée de boissons édulcorées artificiellement entraîne une augmentation de la tension. Enfin, des modèles de rongeurs ont montré, quant à eux, que la consommation à long terme d’édulcorants n’a pas d’impact direct sur la santé cardiovasculaire. Elle peut cependant provoquer des anomalies électrophysiologiques, telles qu’une tendance à l’augmentation de l’induction de la fibrillation auriculaire. Cela dit, des recherches supplémentaires sont nécessaires et il convient de souligner que cette étude a été réalisée sur des rats et non sur des humains.
Pourtant, certains travaux de recherche suggèrent que les substituts du sucre n’ont qu’un impact minime sur l’organisme. Par exemple, bien qu’il soit bien connu que le stress ait un effet néfaste sur notre système cardiovasculaire, une étude récente n’a montré aucune différence dans le flux sanguin à travers les vaisseaux lors de tests de stress après la consommation d’eau, d’eau sucrée par édulcorant ou d’eau sucrée par saccharose.
Les différences individuelles ont leur importance
Le fait qu’il existe un grand nombre de preuves montrant simultanément que les substituts du sucre ont ou n’ont pas d’effets sur l’organisme suggère que la réponse n’est pas claire et que des recherches supplémentaires sont nécessaires.
Les données contradictoires sur les substituts et la tension artérielle peuvent s’expliquer par les différences individuelles. Des facteurs tels que l’âge, le sexe, la génétique et l’état de santé général peuvent influencer la réaction de l’organisme. Par exemple, les personnes souffrant de troubles préexistants, tels que l’obésité, le diabète de type 2 ou la phénylcétonurie, peuvent réagir différemment aux substituts de sucre par rapport aux personnes en bonne santé. Un autre aspect qui influence les résultats est le mode de vie, et il a été noté que les différences d’habitudes de santé peuvent avoir une influence. Par exemple, les interventions des patients telles que la réduction du sodium et l’exercice physique régulier peuvent avoir un impact positif sur l’organisme, alors que la sédentarité et une alimentation déséquilibrée peuvent avoir un impact négatif.
Faut-il s’inquiéter de l’effet des substituts du sucre sur la tension ?
Les données actuelles suggèrent que les effets des substituts du sucre sur la pression artérielle sont minimes pour la plupart des gens, sans preuve concluante qu’ils font directement grimper la tension chez les personnes en bonne santé. Cependant, pour certaines personnes, comme celles qui consomment de grandes quantités d’édulcorants, il peut y avoir un petit risque d’événements coronariens indésirables ou d’élévation de la tension. En outre, l’impact sur l’organisme peut également être lié à l’identité de l’agent édulcorant. Certaines données suggèrent que l’aspartame pourrait être étroitement lié à un risque accru d’accident vasculaire cérébral, tandis que le sucralose et l’acésulfame de potassium pourraient être plus fortement liés aux maladies coronariennes. Toutefois, des travaux supplémentaires sont nécessaires.
Comme pour de nombreux éléments du régime alimentaire, la modération est de mise. Si les édulcorants peuvent être utiles pour réduire la consommation de sucre et potentiellement gérer la masse graisseuse, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement leur impact à long terme sur la tension artérielle et la santé cardiovasculaire en général.
Avis de non-responsabilité : cet article est fourni à titre informatif uniquement. Il ne contient pas, ni ne remplace, un avis médical. Adressez-vous à un professionnel de santé qualifié avant d’apporter quelques modifications que ce soit à votre régime de santé.
Sources :
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La consommation d’édulcorants serait associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, INSERM https://presse.inserm.fr/la-consommation-dedulcorants-serait-associee-a-un-risque-accru-de-maladies-cardiovasculaires/65705 (Consulté en janvier 2025)
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Arguments en faveur d’un rôle du microbiote intestinal dans la physiopathologie de l’hypertension artérielle, Revue Médicale Liège https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/254986/1/2020%20Rev%20Med%20Li%C3%A8ge_75_9_588-592.pdf (Consulté en janvier 2025)
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